Le tribunal jugeait jeudi « six mois de descente aux enfers », entre janvier et juin 2019, dans le Vieux Lille. Le compagnon menaçant et violent était aussi un proxénète, exigeant de sa compagne prostituée qu’elle lui donne tous ses gains.
Le prévenu est parti dix-huit mois en prison.
Par Chantal David
Publié:7 Octobre 2019
Quand Abdelraouf Merrad rencontre Sonia (*) début 2019, il est d’abord un simple client. La jeune femme s’attache à ce jeune homme paumé. Elle l’héberge, lui donne parfois un peu d’argent et noue ce qu’elle pense être une relation sentimentale. « À partir de mars, ça dégénère », explique Me Pauline Collette en partie civile. « Il veut de plus en plus d’argent. Jusqu’au jour où il tourne fou. » Un soir de juin, l’homme embarque sa compagne en voiture. Il la menace avec ce que la jeune femme pense être un fusil automatique. Il admettra avoir aussi pointé l’arme contre une amie de Sonia quand celle-ci essaie de la protéger.
« Tu vas finir avec deux litres d’acide dans la bouche. »
« C’est une arme de paintball », dira Abdelraouf Merrad en haussant les épaules à la barre. « Pour nous, c’est la même chose. On vous reproche d’avoir fait extrêmement peur à ces femmes », rétorque la présidente Audrey Bailleul. Le prévenu est aussi jugé pour de multiples menaces. Avec parfois des propos particulièrement violents : « Tu vas finir avec deux litres d’acide dans la bouche. » Face aux magistrats, il s’énerve : « Elle m’a provoqué. Faut pas jouer avec mes sentiments. » Le ton monte si fort que la suite du procès se déroulera sans lui.
Elle aura vingt et un jours d’incapacité légale. Après plusieurs opérations, elle n’a pas encore recouvré entièrement la vue.
Me Collette estime que les relations se sont surtout envenimées quand Sonia veut lui échapper parce qu’il lui prend tout son argent et exige qu’elle « fasse plus de clients ». Il l’appelle sans cesse et la rudoie à chaque retrouvailles. Au cours d’une scène particulièrement violente, Abdelraouf Merrad assène un coup de poing dans l’œil de sa compagne. Elle aura vingt et un jours d’incapacité légale. Après plusieurs opérations, elle n’a pas encore recouvré entièrement la vue.
La procureure Marine Decourcelle se lève : « Il a chosifié sa compagne. Il considère qu’il peut en faire ce qu’il veut quand il veut. » En défense, Me Franck Châtelain relèvera « une problématique alcoolique et un problème d’impulsivité qui nécessitent des soins ».
Abdelraouf Merrad a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans avec maintien en détention. À cette peine s’ajoutent six mois de détention supplémentaires d’un précédent sursis révoqué.
(*) Prénom modifié. 3919, numéro d’écoute national, anonyme et gratuit, destiné aux femmes victimes de violences et à leur entourage.
*article issu du journal La Voix du Nord