Au tribunal, une femme morte dans un accident de la route à Bondues pour « deux secondes d’inattention »

Au tribunal, une femme morte dans un accident de la route à Bondues pour « deux secondes d’inattention »

Un jeune homme de 19 ans était jugé ce mercredi par la sixième chambre correctionnelle pour homicide involontaire, après un accident à Bondues, le 3 juillet dernier. Au volant d’une voiture, il a heurté un scooter, avenue du Général-de-Gaulle. Une dame de 36 ans a été tuée sur le coup.

Par Chantal David

Publié: 4 Novembre 2021

Le 3 juillet, N.P., 19 ans, était au volant de la 3008 de sa mère. Avec un copain, il venait d’Orchies, allait à Wambrechies. Un automobiliste qui les suivait avenue du Général-de-Gaulle à Bondues dira : « J’ai trouvé que la voiture roulait très vite. »

Sur cette route de Bondues, la vitesse est limitée à 50 km/h. Les experts diront que N.P. roulait 20 à 30 km/heure au-dessus de la normale. Le carrefour croise à droite avec la rue du Pavé stratégique. Il est un peu plus de 13 heures ce 3 juillet, le jeune conducteur de 19 ans passera au feu rouge. Sur son scooter, Stéphanie D., 36 ans, vient de redémarrer. Le choc est terrible. Un témoin dira « J’ai vu comme un jeu de cartes qui s’envolait ».

Une femme prudente et joyeuse

Ce mercredi dans la salle d’audience de la sixième chambre correctionnelle, le procès de N.P. commence par la diffusion de la vidéosurveillance qui a filmé l’accident. Les images sont terribles quand, sous l’effet du choc, le cyclomoteur se désarticule, pulvérisé en quelques secondes.

À la barre, un jeune homme tremblant au physique adolescent balbutie des regrets, des remords, des excuses : « Je voudrais tellement revenir en arrière ». Depuis l’accident, il se refait « le film tous les jours pour comprendre ». Parce que dans son esprit, le feu était vert. Face à la famille de la victime dévastée, il tente une explication : « J’ai vu le feu de loin, il était vert et puis… J’ai regardé l’aérodrome, je devais sauter en parachute le lendemain  ». Le président Ludovic Duprey le reprend sévèrement : « On peut dire que vous êtes exactement dans la situation du conducteur qui ne s’intéresse plus à la chaussée. Vous étiez complètement ailleurs  ». Me Pauline Collette observe : « C’est difficile à entendre pour la famille de la victime que vous ne savez pas ce qui s’est passé. ».

Sur le banc de la partie civile, une mère, une compagne, un frère voudraient comprendre. Stéphanie était « une femme courageuse mais aussi joyeuse et la main sur le cœur ». Elle était prudente, insisteront Me Collette et Me Stienne-Duwetz, face à Me Marc Antoine Zimmerman, avocat de l’assurance de l’automobiliste, qui engage une bataille sur les responsabilités civiles.

« Un gamin hanté »

N.P. a, lui aussi la réputation d’un jeune homme raisonnable. Étudiant, frère aîné dans une famille stable et aimante. Au moment de l’accident, les policiers n’ont trouvé aucune trace d’alcool ni de stupéfiants.

« Je ne plaiderai pas la fatalité car il y a eu une infraction commise ce jour-là. Deux secondes d’inattention qui ont eu une conséquence dramatique », plaide en défense Me Alice Cohen-Sabban. Ajoutant : « Mais N.P. ne peut se réduire à un délinquant de la route ». L’avocate porte la voix d’un « gamin hanté qui se répétera toute sa vie "Elle est morte à cause de moi" ».

La procureure Julie Carros a requis quatre ans de prison avec sursis et l’annulation du permis de conduire avec interdiction de le passer avant deux ans. Le tribunal rendra sa décision le 17 novembre.

 

*article issu du journal La Voix du Nord