En prison pour le viol de ses belles-filles, un grand-père incestueux jugé pour des agressions sur ses petites-filles

En prison pour le viol de ses belles-filles, un grand-père incestueux jugé pour des agressions sur ses petites-filles

Déjà condamné pour des viols sur ses belles-filles, un sexagénaire lillois a été jugé jeudi pour des agressions sexuelles sur ses petites-filles. Il était absent à l’audience, mais pas les victimes.

Les agressions sexuelles se déroulaient au domicile du prévenu à Lille et dans un mobil-home qu’il louait au camping d’Aubers. - PHOTO ARCHIVES FLORENT MOREAU - Par Magalie Ghu

L’une d’elles n’a que 15 ans, les deux autres sont tout juste majeures. Maëva (*), Kelly (*) et Samantha (*) se serrent sur le banc des parties civiles. Elles ont longtemps partagé un pacte. Un secret que Samantha a brisé en 2021.

À l’époque, son grand-père doit comparaître devant les assises du Nord, accusé de viols sur ses deux belles-filles lorsqu’elles étaient mineures et sur six autres enfants entre 1984 et 2011. Sa maman est très stressée. Alors, elle craque et confie l’indicible. Papy lui a fait des caresses sur le sexe, chez lui et dans le mobil-home qu’il loue au camping d’Aubers. Et elle n’était pas seule. Il y avait aussi sa cousine Maëva et Kelly, la fille de la meilleure amie de sa mère qui considérait le grand-père comme le sien.

Maëva, plus jeune, a peu de souvenirs, mais a des flash-back depuis qu’elle a un petit copain. Kelly confirme aussi mais a peur de porter plainte. Elles s’étaient promis de ne pas en parler parce que papy disait qu’il frapperait mamie.

Jeudi, les trois sont là, dans cette salle de tribunal trop grande pour elles. Mais pas le grand-père, aujourd’hui âgé de 64 ans. Détenu depuis sa condamnation à 18 ans de réclusion, Philippe D. est hospitalisé, précise son avocat, Me Xavier Raes.

On pense avoir atteint le paroxysme de l’insoutenable, mais non.

Seule Samantha prend la parole. La première fois, elle avait 7 ans et demi. Elle s’en souvient, elle avait les oreillons. Les autres ne parleront pas mais toutes écoutent courageusement le récit que la présidente Aurélia Devos livre de leur cauchemar de 2012 à 2016.

« Au camping, Philippe D. vous faisait jouer à des jeux de cartes lors desquels il fallait quitter des vêtements, il avait instauré un planning des douches selon lequel vous deviez vous laver avec lui à tour de rôle, il vous faisait faire pipi dans un verre et le buvait, vous racontait ses expériences sexuelles… »

« Digne de L’assommoir de Zola »

On pense avoir atteint le paroxysme de l’insoutenable, mais non. Philippe D. forçait aussi les fillettes à lui laver le sexe sous la douche où avaient lieu des pénétrations digitales (les faits ont été correctionnalisés). Un jour, il a même forcé Kelly à faire un 69 avec lui. La petite a ensuite vomi.

À la barre, les mamans des filles sont détruites aussi. Les deux filles du prévenu appellent leur père « monsieur D. ». « Je ne connais pas cette personne, ce n’est pas mon père », lâche la maman de Samantha. « Ma fille m’en veut », pleure la maman de Maëva.

« Il n’y a qu’un seul prévenu devant le tribunal, c’est lui », coupe la présidente. Avant de faire état du rapport de personnalité de Philippe D., un homme alcoolique à l’enfance cabossée par un père violent et incestueux et une mère peu aimante et pour qui « l’autre est un objet de jouissance ».

Mais pour Me Pauline Collette qui assiste les trois jeunes filles, « ce drame transgénérationnel digne de L’assommoir de Zola » n’enlève rien à la responsabilité du prévenu. Un prévenu qui a d’abord nié mais qui fait aujourd’hui dire à Me Raes qu’il « reconnaît sa pleine et entière responsabilité ».

Pour la procureure, Phillippe D. a été « un prédateur d’enfant pendant 32 ans ». Pour « le sanctionner à hauteur de sa monstruosité », elle requiert 10 ans d’emprisonnement. Une peine prononcée par le tribunal qui s’oppose à la confusion des peines, demandée par la défense.

(*). Prénoms d’emprunt

*article issu du journal La Voix du Nord