Jusqu’à vendredi soir, à Douai, la cour criminelle du Nord juge un homme de 24 ans et une femme de 26 ans accusés d’avoir, ensemble, violé des préadolescents à Lille et Lomme, à l’été 2019. L’homme comparaît aussi pour les viols de deux enfants de 9 et 10 ans. Le procès se déroule à huis clos partiel.
Photo : En partie civile, (de g.à d.), Mes Sandrine Cazier, Pauline Collette, Emmanuel Riglaire et Evelyne Ingwer.
Par Chantal David
Ce jeudi après-midi, au troisième jour du procès en cour criminelle, Janik Durieux est interrogé sur les viols et les attouchements qu’il a infligés à Lucas (*). Le petit garçon avait neuf ans quand l’accusé lui a imposé fellations et masturbations, une dizaine de fois pendant l’été 2019. « Il mesurait 1m33 », précisera Me Pauline Collette, son avocate. À l’époque, Janik Durieux avait 20 ans, mesurait déjà 1m90. Si sa silhouette est aujourd’hui athlétique, il pesait 35 kilos de plus, qu’il a perdus pendant ses quatre ans de détention provisoire.
En 2019, Lucas aimait monter sur le scooter de son voisin. « Le 2 juillet, on bascule dans autre chose », rappelle la présidente Geneviève Créon. « Quelle est l’idée qui vous passe par la tête ? »
Janik Durieux a mis en place son terrible rituel dans le garage de sa résidence. Une fois, une voiture a perturbé l’agresseur. « Vous stoppez puis vous reprenez… Vous prenez votre temps », observe la présidente. Une autre fois, pour attirer Lucas, il lui avait promis un sifflet d’arbitre de foot.
La psychiatre qui a examiné Janik Durieux a souligné « une vraisemblable attirance pédophilique », une « tendance à la manipulation » et « une absence de reconnaissance de la gravité des faits ». Ce jeudi, le jeune homme présente ses excuses aux victimes : « Je ne pensais pas que ça les détruirait ».
Janik Durieux est aussi poursuivi pour le viol d’une petite fille de 10 ans (la seule infraction qu’il conteste), et pour corruption de mineurs. Mais aussi pour complicité de viols, quand, avec Priscilla S., 26 ans, il a organisé l’agression de trois préadolescents. Entre janvier et août 2019, les garçons de 12 et 13 ans avaient été attirés dans une cave, boulevard de Metz, et dans un entrepôt désaffecté à Lomme. Janik les connaissait du temps où il jouait au foot. À Lambersart, Lille, Lomme, il s’était fait renvoyer… « pour une trop grande proximité avec des mineurs ».
Au côté de Janik Durieux, Priscilla S., qui est arrivée libre, est jugée pour viols et corruption de mineurs. « La rencontre d’une petite plume et d’un grand costaud », avait résumé Mme Créon. La minuscule accusée apporte des réponses lapidaires. En 2019, elle n’était pas la petite amie de Janik Durieux mais avait avec lui des relations sexuelles auxquelles, plusieurs fois, trois copains de 12 et 13 ans, ont été contraints de participer. Il y a eu des actes de pénétration, Janik Durieux regardait ou s’y associait. Priscilla S. a toujours accepté. Elle dira : « C’est venu comme ça ».
Les jeunes se tairont, pris dans un engrenage de culpabilité et de honte. Jusqu’au jour où l’un d’eux a craqué. « On doit remercier ce jeune homme d’avoir parlé à sa mère », a lancé jeudi après midi, Geneviève Créon à Janik Durieux qui avait été interpellé dans la foulée. « Si la justice ne vous avait pas arrêté, que se serait-il passé ? »
*Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat de la victime.
*article issu du journal La Voix du Nord