Lille: cas de légionelle dans un club en Sardaigne en 2017… Y a-t-il eu d’autres victimes?

Lille: cas de légionelle dans un club en Sardaigne en 2017… Y a-t-il eu d’autres victimes?

Un mois après son séjour à l’hôtel Sighientu en Sardaigne au printemps 2017, un Lillois déclare une pneumopathie à légionelle qui a failli lui coûter la vie. Il a assigné le voyagiste en justice, au civil, et, dans ce cadre, cherche à savoir si d’autres clients de la région ont été malades.

Me Alexia Navarro (à droite sur la photo) porte la voix de M. Grayet. Un dossier sur lequel travaille aussi Me Astrid Proy.

Par Chantal David

Publié:17 Août 2020

Au printemps 2017, Jean Pierre et Martine Grayet réservent un séjour en Sardaigne à l’agence Marmara, Faubourg des Postes à Lille. Une semaine en « all inclusive », proposée par le voyagiste TUI France.

Du 29 mai au 5 juin, ils posent leurs valises à l’hôtel Sighientu, soleil généreux et mer turquoise, vante la brochure. Une semaine après leur retour chez eux, le 12 juin, Jean-Pierre Grayet ne va pas bien. Fièvre, vomissements, détresse respiratoire le conduisent aux urgences du CHR pour une pneumopathie à légionnelle, puis au service de réanimation. Un arrêt cardiaque et un choc septique engagent momentanément son pronostic vital. Jean-Pierre Grayet quittera l’hôpital le 22 juillet. De cet épisode, il a gardé des séquelles respiratoires et rénales.

D’autres cas détectés par l’ARS

Le 30 mai 2018, le médecin traitant de M. Grayet reçoit un courrier de l’Agence régionale de santé (ARS), que le CHRU alerte pour chaque cas de légionellose. Dans la lettre il est dit que « d’autres patients atteints de légionellose ont séjourné dans le même club  » et… « une contamination lors de la fréquentation du club semble probable ».

M. Grayet fait alors appel à une avocate du barreau de Lille. Le 15 mars 2019, Me Alexia Navarro fait « une assignation en responsabilité à l’encontre de TUI France prise en son agence Marmara de Lille ». L’avocate se réfère à deux articles de loi (art.1194 du code civil et L.211-16 du code du tourisme) qui, dit-elle, « engagent la responsabilité automatique des agences de voyages quand elles vendent une prestation touristique dans le cadre d’un forfait. »

Pour l’avocate, la légionelle a forcément été contractée à l’hôtel : « Ils n’ont jamais mangé à l’extérieur. Leur programme, c’était piscine et farniente ».

Le 15 octobre 2019, le voyagiste TUI a pris un avocat car, à la suite de l’action engagée par Me Navarro, la Caisse primaire d’assurance maladie demande au voyagiste, le remboursement des frais de santé engagés pour M. Grayet, soit 63000 euros.

Une première confrontation des parties est prévue en septembre. La bataille juridique s’annonce âpre. D’après les informations données au plaignant, l’avocat de TUI (qui n’a pas répondu à notre sollicitation) prendrait le parti de dire que, le lien de causalité n’est pas prouvé, et que, s’il l’était, la responsabilité reviendrait à l’hôtel, pas au voyagiste. L’ARS, guère plus loquace, aurait fait néanmoins savoir qu’il y a eu deux autres cas.

Ces personnes habitent-elles la région ? Me Alexia Navarro et M. Grayet aimeraient bien le savoir.

*article issu du journal La Voix du Nord