Le 8 juillet, rue des Arts, la dispute conjugale avait été si violente que la femme victime avait enjambé la fenêtre, menaçant de se défenestrer. Son compagnon, âgé de 21 ans, a été condamné et emprisonné jeudi.
La victime a des « séquelles psychologiques importantes » selon son avocate. PHOTO ARCHIVES
Par Chantal David
Publié:14 Août 2017
Au tribunal, jeudi, l’ambiance est encore électrique. Peu avant l’audience, une altercation a éclaté entre la victime et les tantes du prévenu. Pendant le procès, les échanges entre les deux ex-conjoints sont vifs.
Le 8 juillet, les policiers sont intervenus rue des Arts pour des violences conjugales. Ils ont été appelés par… l’auteur. Dylan P., 21 ans, téléphonera au commissariat à deux reprises. Une première fois pour prévenir qu’il va rouer de coups sa compagne. Une seconde fois pour indiquer qu’il vient de la tabasser. Ces étranges coups de fil permettent aussi aux policiers d’apprendre que la victime a enjambé la fenêtre et menace de se jeter dans le vide tellement elle est à bout.
Lorsqu’une patrouille arrive rue des Arts, la jeune femme a regagné son appartement, mais son compagnon l’a enfermée. L’homme les attend en bas de l’immeuble. Il ne fait aucun mystère, expliquant qu’il vient de passer à tabac son épouse parce qu’elle l’a poussé à bout. « La liste des blessures fait une demi-page », relate à l’audience le président Jacques Huard. Et de décrire « un visage ensanglanté, une section des tendons d’un doigt, d’innombrables ecchymoses… ». Le certificat de la médecine légale mentionne un mois d’incapacité (ITT).
Dans le box, Dylan P. tente de se justifier : « Elle n’a de cesse de m’humilier. J’ai pété un plomb à cause de l’accumulation. » Et d’évoquer notamment des insultes que sa compagne aurait proféré contre ses deux fillettes nées d’un premier mariage. « Si elle a été blessante dans ses propos, cela ne justifie pas un tel déchaînement de violence », rappelle le président.
« Elle a peur des représailles »
« Ma cliente a des séquelles psychologiques importantes. Aujourd’hui encore, elle a peur des représailles », plaide Maître Pauline Collette en partie civile. Le procureur Franck Charon requiert un an d’emprisonnement et la révocation de deux mois d’un sursis antérieur. Pour Maître Samia Khiter, en défense, la peine n’est pas adaptée. « Mon client a une seule mention ancienne sur son casier judiciaire. Il est en cours d’insertion professionnelle. Le plus important est que les deux ne soient plus en contact », affirmera l’avocate. Maître Khiter réussira à atténuer les réquisitions en soulignant les rapports impétueux d’un couple passionnel. Dylan P. a été condamné à douze mois de prison dont six avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans auxquels s’ajoutent un mandat de dépôt et deux mois de sursis révoqué. Il a l’interdiction d’entrer en contact avec la victime.
*article issu du journal La Voix du Nord