Tribunal de Lille : la clinique La Louvière assignée au civil après qu’une opération a tourné au drame

Tribunal de Lille : la clinique La Louvière assignée au civil après qu’une opération a tourné au drame

La justice apportera-t-elle des réponses à la famille de Sybille Legros, morte à 40 ans des suites d’une opération de chirurgie du menton ? La famille assigne devant le tribunal la clinique de la Louvière, le chirurgien et l’anesthésiste qui n’auraient pas géré à temps les complications post-opératoires.

La famille s'est tournée vers Me Alexia Navarro pour que les responsabilités soient établies par la 2 e chambre du tribunal civil.

Par La Voix du Nord

Publié:9 Juillet 2016

Sandrine Legros tourne et retourne dans ses mains le rapport d’expertise médicale du 12 janvier 2016 qui souligne des dysfonctionnements dans le suivi post-opératoire de sa sœur.

Le matin du 11 mars 2013, à la clinique La Louvière de Lille, Sybille Legros est opérée pour une «   génioplastie esthétique à but fonctionnel » soit une avancée du menton. Sandrine Legros est là lorsque Sybille est ramenée dans sa chambre à 13 h 30. Elle l’entend se plaindre de gêne respiratoire. Elle le signale plusieurs fois.

Il faudra attendre 15 h pour que des saignements de la bouche inquiètent l’aide-soignant et l’infirmière. Le chirurgien est reparti en ville pour ses consultations, il donnera ses premières consignes par téléphone avant de revenir en milieu d’après-midi.

Kit manquant

La détresse respiratoire de la patiente s’accentue. L’anesthésiste rappelé en urgence fait descendre Sybille Legros en salle de réveil. Mais il manque, sur le chariot d’urgence, le kit de minitrachéotomie dont l’anesthésiste a besoin pour permettre à Sybille Legros de respirer. Il appelle à la rescousse un médecin ORL.

Du temps passe encore. Il est déjà 17 h. L’état de Sybille Legros ne fera qu’empirer : elle fait un arrêt cardiaque et sombre dans un coma dont elle ne se réveillera pas. Elle décède le 16 mars 2013 au centre hospitalier où elle a été transportée en urgence le 13 au soir. « Qu’est-ce qu’ils ont foutu ? », lâche un médecin du CHR en présence de Sandrine Legros.

Le chirurgien qui a opéré Sybille le 13 mars expliquera plus tard qu’elle a eu un hématome du palais, une complication possible et gravissime. Dossier refermé. Mais la remarque du médecin du CHR taraude Sandrine, tout comme l’impression qu’elle a eu l’après-midi du 13 mars. Elle est sûre qu’on a trop tardé à prendre son inquiétude au sérieux. Le parquet classera sans suite sa plainte au pénal pour homicide involontaire. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de responsabilités, tant de la part de la clinique que de celle des médecins.

Vies bouleversées

Les experts médicaux sollicités par Me Alexia Navarro, avocate de la famille Legros, pour une procédure au civil, pointent clairement des manquements.

À la douleur se substitue la colère. Aucune demande de transaction à l’amiable, souhaitée par la famille, n’a abouti. La vie des Legros est chamboulée mais Sandrine et son compagnon auraient particulièrement besoin d’aide. Sybille était mère de deux ados. Sandrine et son compagnon les ont pris en charge. Ils sont désormais à la tête d’une famille de cinq adolescents et jeunes adultes. Agrandir la maison, gérer les études… Un bouleversement de vie quotidienne qui accentue le chagrin. La suite judiciaire de ce drame sera jouée devant la 2e chambre du tribunal civil. Il faudra attendre encore quelques mois.

*article issu du journal La Voix du Nord